Le développement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques en France

En 2025, la France connaît une accélération marquée du développement de ses infrastructures de recharge pour véhicules électriques, reflet direct de l’explosion des immatriculations et de la volonté politique d’accompagner la transition énergétique. Le réseau de bornes s’étend tant dans l’espace public que privé, soutenu par des réglementations adaptées et des innovations dans l’habitat collectif et le logement social. Tandis que la recharge à domicile reste majoritaire, une croissance impressionnante des points publics rend la mobilité électrique de plus en plus accessible. Ce dynamisme est porté par une coopération entre acteurs majeurs de l’énergie et spécialistes des infrastructures, qui privilégient des modèles financiers innovants créant un équilibre entre accessibilité, fiabilité et expansion territoriale.

Une expansion rapide et contrastée des points de recharge en France

Le parc de véhicules électriques, dépassant désormais les deux millions d’immatriculations, commande une adaptation rapide des infrastructures de recharge. Cette explosion de la mobilité propre est également stimulée par le raccourcissement drastique du temps nécessaire à l’atteinte des objectifs : alors qu’il avait fallu 12 ans pour franchir le cap du premier million, seulement deux années auront suffi pour dépasser les deux millions de véhicules électriques en circulation. Ce rythme effréné impose un déploiement tout aussi dynamique des bornes de recharge.

Dans cette perspective, le paysage français des infrastructures est pluriel et très segmenté. La majorité des bornes, environ 1,3 million, sont installées à domicile, ce qui illustre la forte préférence des conducteurs pour la recharge privée, pratique et sécurisée. Les entreprises occupent également une place importante avec près de 900 000 points, favorisant la recharge au bureau ou sur les lieux de travail. Toutefois, ce sont les points publics qui retiennent l’attention : leur nombre vient de franchir la barre historique des 154 000 unités, avec une croissance supérieure à 36 000 points l’an dernier. Cette multiplication accélérée s’accompagne de disparités géographiques marquées.

L’Île-de-France domine incontestablement le classement avec plus de 26 500 bornes publiques, suivie par l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine. En termes de densité, la Provence-Alpes-Côte d’Azur dépasse même les 300 points pour 100 000 habitants, soulignant l’importance de la géographie et de la démographie dans le déploiement des infrastructures. La concentration des bornes à proximité des commerces, représentant plus d’un tiers des installations, s’explique par leur rôle dual d’attrait client et d’obligation réglementaire. Dans ce contexte, la voirie publique reste un espace privilégié mais moins dense, avec environ 17% des points publics.

Parallèlement à cette généralisation des infrastructures, l’intensification de leur usage est notable. En décembre 2024, chaque borne recensait en moyenne plus de 25 sessions de recharge mensuelles, un indicateur de l’adoption renforcée, notamment à l’approche des pics saisonniers comme les fêtes de fin d’année. La fiabilité reste cependant un enjeu : bien que 70% des dispositifs fonctionnent quasi constamment, environ 5% accusent des pannes prolongées, ce qui invite à un effort accru en maintenance et modernisation.

Le rôle clé des copropriétés dans le déploiement des infrastructures de recharge électriques en habitation collective

Alors que près de la moitié des Français résident en habitat collectif, la mise en place d’infrastructures de recharge dans ce cadre représente un levier essentiel pour démocratiser l’usage des véhicules électriques. La réglementation récente a clarifié et renforcé les obligations des copropriétés pour intégrer ces équipements lors de rénovations majeures, instaurées à partir de 2025. Cette législation impose désormais qu’au minimum 20% des places de stationnement des parkings rénovés soient équipées de bornes, sauf si les conditions techniques rendraient cela non viable.

Les motivations pour les copropriétés dépassent les simples contraintes réglementaires. L’installation d’infrastructures de recharge valorise les biens immobiliers, constituant un argument majeur pour attirer acheteurs et locataires sensibles à l’écologie et à la mobilité durable. Par ailleurs, elles répondent efficacement à la demande croissante des résidents, qui voient dans ces équipements une amélioration significative de leur qualité de vie. Ce mouvement s’accompagne de dispositifs financiers soutenus. Les programmes tels qu’Advenir proposent des subventions pouvant couvrir jusqu’à 50% des coûts liés à l’installation, ce qui décharge en partie les copropriétés.

Le crédit d’impôt de 75%, plafonné à 300 euros, pour l’installation de bornes individuelles encourage aussi l’investissement privé dans les espaces partagés. En parallèle, des acteurs innovants comme Logivolt ont émergé comme partenaires privilégiés des copropriétés, offrant des solutions clés en main : de la conception à l’installation, en passant par le financement via un modèle d’abonnement, ils facilitent l’accès à la recharge sans susciter d’efforts logistiques lourds pour les gestionnaires immobiliers.

Cette dynamique a été magnifiée par une collaboration étroite entre les fabricants et fournisseurs spécialisés, tels qu’Alfen, EVbox, et ChargePoint. Leur expertise apporte des technologies adaptées, notamment des bornes intelligentes capables de moduler la charge en fonction des besoins ou de la production d’énergies renouvelables au sein des bâtiments. Ainsi, dans certaines copropriétés équipées, la gestion énergétique est optimisée, contribuant à un usage durable et responsable.

Le logement social : un levier sous-exploité et pourtant prometteur pour la mobilité électrique

Le secteur du logement social mobilise désormais une batterie d’acteurs engagés dans le déploiement massif d’infrastructures de recharge. Ces initiatives, souvent en partenariats avec des opérateurs spécialisés, représentent un tournant décisif pour rendre l’électromobilité accessible à tous. Les bailleurs sociaux répondent ainsi à deux impératifs : répondre aux attentes des locataires, souvent aux revenus modestes mais séduits par la mobilité propre, et s’aligner sur des objectifs nationaux de réduction d’émissions carbone.

Des projets emblématiques ont vu le jour : Polylogis, avec le soutien de WAAT et de Logivolt, s’est lancé dans un programme d’installation de 22 000 bornes réparties sur près de 440 parkings couverts à travers la France, notamment en Île-de-France, en Occitanie, et en Centre-Val de Loire. Ce vaste chantier, planifié sur deux ans, doit amorcer ses premières mises en service dès 2025, marquant une réelle avancée sociale et écologique.

D’autres grands bailleurs, comme CDC Habitat, ont poursuivi dans la même veine, envisageant près de 35 000 bornes sur plus de 6 000 résidences. Leur dispositif « Borne Recharge Service » propose aux locataires des solutions adaptées à leurs besoins, souvent sous la forme d’un abonnement qui inclut service, maintenance et accès facilitant. Cette approche garantit une gestion externalisée, limitant les charges financières et administratives pour les bailleurs.

L’Association Foncière Logement s’inscrit aussi dans cette dynamique en se positionnant en leader du parc social équipé en bornes IRVE. Ces infrastructures collectives structurent une nouvelle normalité dans les logements sociaux, favorisant une mobilité durable et inclusive.

Le modèle économique innovant qui se développe repose essentiellement sur le financement intégral des équipements par des tiers, ce qui libère les bailleurs des coûts initiaux. En retour, les résidents bénéficient de tarifs maîtrisés via des abonnements mensuels, permettant une adoption progressive et équitable de la mobilité électrique.

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